Mantes Histoire

Église Saint-Maclou


Position approximative : 48.991,1.71779.

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Histoire

Bâtie vers l'an 1015, suivant la chronique locale, l'église Saint-Maclou de Mantes servit d'hôtel-Dieu jusqu'à l'arrivée de Guillaume le Conquérant en 1087, date à laquelle il mit le feu à presque toute la ville. Saint-Maclou ne fut pas épargné. Un peu plus tard, les travaux de reconstruction permirent d'ériger une seconde église près des ruines de la première.

En 1438, on refit la couverture de la tour. En 1450-1451, on procéda à un grand nettoyage de l'église et de la tour. En 1454, le beffroi fut réparé et on refit le portail du côté du marché au Hareng qui avait été étayé, sans doute en mauvais état. La même année, l'on fit beaucoup de travaux à une partie de l'église de devers la Gadotte : pignon, et couverture de cette partie de l'église. On apprend également qu'il existait à cette époque un petit cimetière de ce côté-ci.

Au début du 16e siècle, Nicolas Delabrosse, maître des œuvres de la ville, fut chargé de faire des travaux à Saint-Maclou. Le chœur fut remanié et l'on éleva un grand clocher* (mais dont la paternité de Delabrosse, bien que très possible reste à prouver à ce jour).

Si, traditionnellement, c'était la seule église paroissiale de la ville, Notre-Dame étant une église collégiale, les gens riches la désertèrent vers la fin du 16e siècle avec la création officielle de la paroisse de Sainte-Croix érigée à Notre-Dame (bien que la paroisse existât depuis déjà longtemps pour les officiers). Cela fit qu'il ne resta plus que les pauvres gens et les moins riches de ceux qui n'étaient pas pauvres. De ce fait, les deniers vinrent à manquer et l'entretien finit par laisser à désirer. C'est ainsi que dès la dernière décennie du 16e siècle, des problèmes apparurent au niveau du chœur. Les travaux élémentaires de réparations ne furent presque jamais effectués et l'église fut pour ainsi dire laissée à son triste sort. Par ailleurs, la gestion des fonds était loin d'être la meilleure qui fût. On n'hésita pas, par exemple, à acheter d'onéreuses tapisseries représentant la vie de Constantin alors que l'on craignait déjà la ruine de l'église quelques années avant. L'accès au chœur, soutenu par des étais de toutes parts, et d'où des pierres tombaient régulièrement (!) fut interdit, mais cela rendait le service de la messe difficile à cause du manque de place. Puis un beau jour de décembre 1692, le chœur s'écroula d'un bloc (sans faire de victimes heureusement), causant un grand émoi parmi la population.

La reconstruction fut longue... d'autant plus que la fabrique n'avait pas le premier sou pour payer les ouvriers ou acheter les matières premières, même en revendant les débris laissés par la chute. Ce n'est que grâce à l'important don du sieur René Barquillet de Heuqueville, qui couvrait la presque totalité du coût que l'église put être réouverte. Cependant, ceci ne permit pas à l'église de voir l'avenir avec sérénité, car, si le chœur était tout neuf, le reste de l'église menaçait encore ruine, la pluie tombant au travers du toit.

En 1715, l'évêché de Chartres (dont dépendaient Sainte-Croix et Saint-Maclou) autorisa un nouveau découpage des paroisses, qui se ferait désormais géographiquement et non plus selon le statut social. Pendant ce temps, l'église se détériorait lentement, et les trop rares tranches de restauration ne furent pas d'un grand remède.

Alors vint la Révolution. Des églises de Mantes, seule Notre-Dame fut conservée pour le culte en 1791, et Saint-Maclou fut fermée définitivement, à l'exception de quelques ouvertures occasionnelles, telle l'aménagement en temple de l'être Suprême et de la Raison. Le chœur fut à nouveau rasé, puis, en 1806, l'église s'écroulant complètement, le tout, à l'exception du clocher, fut arasé jusqu'à une hauteur de 3 mètres au-dessus du sol et l'intérieur aménagé en jardin particulier. Le clocher lui-même évita de justesse la destruction grâce à sa qualité architecturale.

Finalement, en 1827, il fut donné l'ordre de raser tout ce qui restait des anciens murs afin d'élargir la place et d'embellir le quartier.

Le clocher, désormais connu sous le nom de tour Saint-Maclou, subit de nombreuses restaurations d'urgence à la fin du 19e et au début du 20e siècles. Elle fut classée monument historique en 1908. Elle frôla la destruction complète en 1944 avec les bombes des alliés qui ne la manquèrent que de peu, comme l'attestent les photographies de l'époque. Elle fut l'objet de nouvelles campagnes de restauration au cours de la seconde moitié du 20e siècle, en particulier un nettoyage complet, lui rendant sa couleur d'origine.

Souhaitons que la tour Saint-Maclou ornera encore de nombreuses années notre ville de Mantes de sa silhouette si élégante et pittoresque, sans laquelle Mantes ne serait plus vraiment Mantes.

*La datation de la tour demande quelques explications: elle a en effet suscité des divergences d'opinions. La date indiquée généralement par les chroniques est l'an 1340, encore que la première moitié du 16e siècle soit également mentionnée. Stylistiquement, les baies gothiques laissent à penser qu'il s'agit d'un édifice médiéval, mais la statuaire et le clocheton indiquent au contraire qu'il date de la renaissance, et plus précisément du premier tiers du 16e siècle, si l'on compare le style avec d'autres édifices présentant une ornementation similaire. Il faut donc en déduire qu'il s'agit d'un édifice de la renaissance avec quelques survivances gothiques. D'aucuns pensent que la date de 1340 serait due à une erreur de lecture sur les manuscrits anciens et que la date réelle aurait été en fait 1540, ce qui est davantage en accord avec les estimations d'après le style. Pour ce qui est des bases de la tour, une étude indique qu'elles auraient été construites vers 1470. Toutefois, il faut mentionner la réalisation de travaux mentionnés dans les comptes de la fabrique sur la couverture d'une tour au cours de la première moitié du 15e siècle. La tour qui est arrivée jusqu'à nous ne pouvant dater de cette époque, on ne peut qu'en déduire l'existence d'une tour plus ancienne qui, peut-être vétuste, insuffisante ou dépassée stylistiquement, aurait été démolie au cours de la seconde moitié du 15e siècle pour établir les bases d'une nouvelle tour. Dans ce cas, la date de 1340 pourrait correspondre à l'édification de la première tour... à moins qu'elle ne date d'une époque plus ancienne et que 1340 ne soit effectivement une erreur.

Architecture

L'église était originellement du style roman, construite en moëllons (rappelant les parties les plus anciennes de Sainte-Anne de Gassicourt, de la même époque). Elle était couverte d'un plâtras.

La nef : elle était simple, d'environ 27 pieds de large (9m), et d'une longueur de 5 travées de 15 pieds environ (4,90m) chacune. Elle était flanquée de deux bas-côtés délimités par des piliers à base carrée reliés entre eux par des arcs en plein cintre (dont on peut encore voir un exemplaire sur le mur rampant subsistant).

Le transept : Il est bien attesté au nord uniquement (au sud, sa présence reste à déterminer) et de 2 travées de long. On pouvait peut-être entrer dans l'église depuis la rue des Marmousets (ou de la Poterne de Saint-Maclou) par une porte y aménagée. Au-dessus de la croisée du transept se trouvait une lanterne pour y placer la cloche. Sur le dessin de Joachim Duviert le jeune en 1610, on peut y voir une flèche surmontée d'une girouette. La chapelle Saint-Nicolas était accolée contre le transept, sur le côté ouest. Une petite échoppe faisait le coin de cette chapelle et le bas-côté de la nef.

Le chœur : Il a été fortement remanié au 16e siècle. Également encadré de bas-côtés, il faisait trois travées de long et se terminait par une abside à trois pans. Il était probablement entouré de chapelles rayonnantes et était éclairé par une rose. Une porte permettait de rejoindre le marché au Hareng au sud. Le chœur du 16e siècle présentait des ballustres autour du toit, nettement visibles sur le dessin de Duviert.

La façade : Elle faisait pignon à l'ouest, avec une porte et son parvis vers le marché au Blé, permettant d'entrer dans la nef. Une fenêtre romane est encore décelable sur ce qui reste de la façade - soit la partie sud, où était accolée une maison particulière qui l'obturait – et il y en avait probablement une similaire symétriquement sur la partie nord. Les autres ouvertures de la façade sont plus difficilement définissables, mais certains éléments semblent suggérer l'existence de deux occuli... mais cela reste encore à étayer.

Éléments associés